L’Impératrice étoilée.
Quand un tableau du Titien donne envie d’établir un parallèle avec les cartes du tarot de Marseille. Ou quand la carte de l’Impératrice se déshabille pour laisser entrevoir l’arcane de l’Etoile, c’est tout un cheminement de développement personnel qui s’offre au Pérégrinant. Bon, d’accord, me voilà quelque peu pompeux et poussif pour un petit article qui vous suggère de poser … un autre regard à la fois sur les Beaux-Arts et le tarot de Marseille.
L'amour sacré et l'amour profane.
Allégorie.
* Narration mettant en œuvre des éléments concrets, chaque élément correspondant à un contenu abstrait. « Le Roman de la Rose » est une longue allégorie de l’amour. Personnification d’une idée abstraite.
* Œuvre (peinture, sculpture, film…) dont chaque élément évoque un aspect d’une idée complexe.
Tarot et allégorie.
* Le tarot, une narration correspondant à un contenu abstrait ? Bien sûr : le mandala du tarot n’est jamais rien d’autre que le récit du pérégrinant sur son chemin de développement personnel. Donc oui, le tarot est allégorique.
* Le tarot, une oeuvre dont chaque élément évoque un aspect d’une idée complexe ? Assurément. Chaque arcane évoquant 153 appréhensions symboliques, énergétiques du miroir qu’est celui qui le consulte.
Mais si vous êtes sur cette page du site, c’est que vous en êtes convaincu.
A moins que ce ne soit le tableau du Titien qui n’ait attisé votre curiosité.
Titien
Titien, peintre et graveur italien du XVe. est bien connu pour ses portraits. L’amour sacré et l’amour profane, peint en 1514, offre une petite énigme en ce qu’elle offre un travail de réflexion sur le visuel en lien avec le titre de l’oeuvre.
De prime abord, l’amateur d’art se dira qu’il a affaire à une représentation allégorique d’un thème mythologique. Tout comme l’amateur de tarot voit tout de suite une allégorie de l’Etoile dans l’arcane 17.
Pourtant : » (…) nul écrit ou épisode de la mythologie ne peut être associé, même de façon relachée, à ce deux femme encadrant un tombeau au riche décor scultpé. » (C-J Salvy, 100 énigmes de la peinture, p. 102).
C’est alors qu’un travail de recherche
Tout comme le cartouche inférieur de la lame 17 pose question sur le nom de la carte (voir article ici), le tableau du Titien requiert donc un travail de recherche sur le titre de l’oeuvre.
Comme d’habitude et au cas où, cliquez sur l’image pour l’agrandir.
Je cite encore Salvy : « Du temps du propriétaire du tableau, Paul V, le tableau s’intitulait « Beauté sans ornement et Beauté ornée », ce qui renvoyait explicitement à une idée éminemment grecque : la suprématie du non-ornementé sur l’ornementé. (…) C’est ce principe que Titien a illustré en conférant une dimension divine à la femme presque nue, par opposition à celle symbolisant l’état profane par l’artifice d’un riche vêtement. »
L’impératrice ornementée.
La femme de gauche tient des fleurs périssables et s’appuie sur un vase contenant quelques richesses pouvant s’apparenter à de la vanité ou des leurres blingbling, telle l’Impératrice tenant fermement son blason.
Quant à ses cheveux, parfaitement agencés, ils sont coiffés d’une couronne de myrte, qui désigne le plaisir charnel et fait allusion aux complications de l’amour terrestre (J-C Salvy). Pour compléter le tout, le décor de château sur sa droite en fait une … impératrice, toute de niveau 1 vêtue, si je puis dire.
L’Etoile non-ornementée.
La femme nue tient l’encensoir du feu sacré (J-C Salvy). Ses cheveux dénoués et libres ressemblent à ceux de la carte de l’Etoile du tarot. Enfin, le décor derrière elle propose un décor champêtre naturel et ouvert, paisble avec un lac en avant plan. Ici aussi, je trouve l’analogie avec la carte de l’Etoile assez saisissant. Souvenons-nous qu’il s’agit de la seule carte du tarot à proposer un décor naturel sans intervention humaine (collines, arbres, cours d’eau).
« S’en tenir au titre des oeuvres pour les expliquer sans vérifier l’archéologie de celui-ci amène aprfois à en amenuiser ou à en distordre la signification, voire à entretenir des contresens ou des aberrations, à la façon d’une erruer qui, reproduite a fil du temps, finit par être érigée en vérité inconstestable. (…) Il n’en demeure pas moins une dernière énigme : pourquoi, par par qui et dans quel but le titre de cette peinture fut-il modifié ? »
Je vous recommande cet ouvrage, 100 énigmes de la peinture, si vous aimez les Beaux-Arts et souhaitez aborder les oeuvres avec … un autre regard.
Dans le cadre de cet article, je me limite à « récupérer » ce qui peut intéresser l’amateur de tarot.
Difficile en effet de ne pas établir un parallèle, à la fois entre les composants du tableau et certains arcanes du tarot, mais aussi entre la signification des allégories du Maître et certaines cartes.
Comme d’habitude, vous pourrez me rétorquer que j’applique ici un certain syncrétisme facile et de mauvais aloi. Mais n’est-ce pas le propre d’une recherche de vulgarisation ?
L’objectif demeure de vous proposer des pistes de réflexion pour appréhender les cartes avec … un autre regard. Pas de vous livrer une étude critique ou scientifique sur d’éventuels liens entre les arcanes du tarot et la peinture des Maîtres des Beaux-Arts. Je n’affirme donc rien, je vous soumets juste des réflexions personnelles.
Précaution oratoire nécessaire en ces temps perturbés. Sourire épanoui sur mon visage ravi.
Quant à ma réflexion sur cette oeuvre, elle sera assez simple et tiendra en une phrase : 3/Impératrice et 17/Etoile sont-elles l’avers et le revers de la même médaille, ou incarnent-elles l’intention de proposer au Cheminant du tarot, une piste de développement personnel lui suggérant de passer d’une étape à l’autre ? Une lecture du tableau du Titien – à la manière d’un tirage de tarot – pencherait pour la seconde solution (de gauche à droite, du passé vers l’avenir). Par contre, une vue d’ensemble du tableau, tel un regard systémique posé sur un tirage nous proposerait … l’Amoureux en toile de fond. Ah, ben v’là aut’chose, maintenant. N’est-il pas ?