Tarot et allégorie.
Les cartes du tarot de Marseille sont-elles des allégories, peuvent-elles être considérées comme telles, et/ou oeuvrent-elles comme telles ? En voilà des questions de niveau 3, pour un article qui pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Du niveau 3, quoi !
Tarot et allégorie.
Allégorie.
* Narration mettant en œuvre des éléments concrets, chaque élément correspondant à un contenu abstrait. « Le Roman de la Rose » est une longue allégorie de l’amour. Personnification d’une idée abstraite.
* Œuvre (peinture, sculpture, film…) dont chaque élément évoque un aspect d’une idée complexe.
Tarot et allégorie.
* Le tarot, une narration correspondant à un contenu abstrait ? Bien sûr : le mandala du tarot n’est jamais rien d’autre que le récit du pérégrinant sur son chemin de développement personnel. Donc oui, le tarot est allégorique.
* Le tarot, une oeuvre dont chaque élément évoque un aspect d’une idée complexe ? Assurément. Chaque arcane évoquant 153 appréhensions symboliques, énergétiques du miroir qu’est celui qui le consulte.
Mais si vous êtes sur cette page du site, c’est que vous en êtes convaincu.
A moins que ce ne soit le tableau du Titien qui n’ait attisé votre curiosité.
Titien
Titien, peintre et graveur italien du XVe. est bien connu pour ses portraits. Son tableau, Les trois âges de l’homme, peint en 1512 figure parmi ses plus connus. Le tableau représente métaphoriquement le cycle de la vie et n’est pas sans rappeler le mandala du tarot.
1512 … bien avant que les tarots de Marseille n’existent. Sourire en coin.
Les trois âges de la vie, en un seul tableau. Comme trois cartes tirées en un seul tirage. Clin d’oeil entendu.
Allégorie du Temps.
Tableau peint en fin de vie (Titien s’y est représenté sur la gauche), portrait de trois têtes d’hommes superposées à trois têtes d’animaux : à gauche un vieil homme et un loup, au centre un homme d’âge mûr et un lion, à droite un jeune homme et un chien.
Il y a ce qu’on voit.
Il y a ce qu’on ressent en voyant l’oeuvre.
Il y a le sens que l’on souhaite y donner.
Et il y a ce que l’artiste a voulu exprimer.
Laissons un spécialiste se prononcer.
A première vue, comme l’indique le titre, il s’agit d’une allégorie des trois âges de la vie humaine, c’est-à-dire le passé, le présent et l’avenir, se référant à l’idée de prudence, plus précisément à la mémoire, qui se souvient du passé et en tire les leçons, à l’intelligence, qui juge le présent et agit en lui, et enfin à la prévoyance, qui juge le présent qui anticipe l’avenir et prémunit pour ou contre lui. »
Je vous recommande cet ouvrage, 100 énigmes de la peinture, si vous aimez les Beaux-Arts et souhaitez aborder les oeuvres avec … un autre regard.
Dans le cadre de cet article, je me limite à « récupérer » ce qui peut intéresser l’amateur de tarot.
Difficile en effet de ne pas établir un parallèle, à la fois entre les composants du tableau et certains arcanes du tarot, mais aussi entre la signification des allégories du Maître et certaines cartes.
Comme d’habitude, vous pourrez me rétorquer que j’applique ici un certain syncrétisme facile et de mauvais aloi. Mais n’est-ce pas le propre d’une recherche de vulgarisation ?
L’objectif demeure de vous proposer des pistes de réflexion pour appréhender les cartes avec … un autre regard. Pas de vous livrer une étude critique ou scientifique sur d’éventuels liens entre les arcanes du tarot et la peinture des Maîtres des Beaux-Arts. Je n’affirme donc rien, je vous soumets juste des réflexions personnelles.
Précaution oratoire nécessaire en ces temps perturbés. Sourire épanoui sur mon visage ravi.
Un tirage allégorique ?
Reprenons la présentation de Salvy : « la mémoire, qui se souvient du passé et en tire les leçons, à l’intelligence, qui juge le présent et agit en lui, et enfin à la prévoyance, qui juge le présent qui anticipe l’avenir et prémunit pour ou contre lui. »
La mémoire, l’Hermite qui éclaire le passé et aide le consultant à en tirer les leçons et – surtout – à comprendre comment il se fait qu’il en soit arrivé là-ici-et-maintenant.
L’intelligence qui juge le présent coïncide pile-poil (normal avec tous ces animaux – lol !) à la Justice qui nous darde de son regard bien en face, même si l’allégorie du Titien nous invite plutôt à voir l’homme au lion dans la carte de la Force.
Enfin, la prévoyance qui juge le présent et anticipe l’avenir, regard vers la droite, accompagné d’un chien : le Mât colle on ne peut mieux à la description.
Amusant, n’est-il pas ce lien entre l’oeuvre et un tirage du tarot.
Osons-nous approfondir la chose ?
« La tête tournée vers la gauche est un autoportrait de Titien, dont l’un des deux fils, Orazio, se montre de face, tandis que celle tournée vers la droite, vue de profil, représente très probablement Marco Vecellio, le neveu du peintre.( …)
Titien donne de lui-même l’image d’un homme au seuil de la mort, donnant l’image (…) du souci obsessionnel qui fut le sien d’assurer l’avenir de ses descendants en accumulant autant d’argent qu’il était possible » (…)
Par cette peinture, c’est donc son propre drame qu’évoque Titien, celui d’un homme dont le fisl aîné, Pomponio, était sui peu recommandable qu’il est ici éliminé d’une allégorie que l’on pourrait dire familiale, bien qu’en réalité, il soit la clef dissimulée du choix iconographique, cela au profit de son cadet, Orazio, qui se montra toujours un soutien fidèle (…) »
Lien avec un tirage de tarot.
Ce qui précède me fait penser à vous livrer une piste (trop) peu suivie dans une séance de tarologie : cherchez l’absent !
Lorsqu’un consultant interroge le tarot avec une thématique familiale, il parle bien évidemment des personnes composant le ménage ou gravitant autour. Si le tirage fait apparaître certains protagonistes, mais pas tous, il sera souvent intéressant pour le tarologue de s’interroger sur l’absent. Le tarot rend conscient ce qu’il y a d’inconscient en nous, par rapport à la question au moment du tirage. Si le consultant « oublie » de tirer une carte pour symboliser la présence ou le rôle d’une personne proche, dont il a parlé en amont du tirage, cela ne pourra qu’être révélateur. Théorie de l’iceberg. Comme toujours.
Rien à voir avec le tableau de Titien, dans la mesure où tout est y sciemment préparé et réalisé. Par contre, pour le regardant du tableau, s’il ne connaît pas l’histoire du peintre, il passera à côté de la signification de l’oeuvre. Comme un tarologue un peu pressé, qui ne prendrait pas le temps de bien interroger son consultant sur le contexte qui gravite autour de sa question. Cllin d’oeil au déroulé d’une séance.
« les têtes d’un chien, d’un loup et d’un lion incarnant respectivement la promesse d’un temps futur, car le chien cherhce à plaire, le passé, car le loup entraîne avec lui le souvenir des actes accomplis, et enfin le présent, car le lion se tient entre passé et futur, ce qui le rend vigoureux et prêt à affronter le présent. »
Et les animaux dans tout ça ?
Voilà assurément un autre regard sur le bestiaire du tarot.
A vous de voir si cela vous parle. Effectuant le lien entre le texte de Salvy et les animaux du tarot, je dirais qu’effectivement le lion est bien le symbole d’une énergie nouvelle qui anime la carte 11/Force (10+1, nouveau cycle).
Le chien qui cherche à plaire et lance le tarot dans le Mât n’est pas pour me … déplaire. Lol. Il accompagne son maître, le rassure et le remotive tout au long de sa pérégrination.
Par contre, où chercher des loups dans le tarot ? Le lien avec « les souvenirs des actes accomplis » me feraient voir les chiens de la Lune comme étant ceux qui collent le mieux à la description. Au coeur de la nuit de passage (18/Lune), il y a tout le travail mémoriel qui se présente au Cherchant. Y voir deux loups en lieu et place de chiens ne me dérange pas. Surtout si la scène se déroule entre … chien et loup. Sourire.