Tour de Babel et tarot.
La question de la tour de Babel. Quand même ! Oui, je sais que vous êtes nombreux, adeptes de jeux de tarot dans lesquelles la tour s’effondre, sous le coup d’un éclair divin et vengeur, tandis que le personnage de droite s’écroule tristement touché d’une pierre, tel que si bien décrit dans les textes anciens.
So what ?
Babel ?
Qu’est-ce que c’est encore que cette affaire-là ? Le citoyen lambda sait généralement que c’est une histoire de langues confuses et de présomption humaine qui veut atteindre Dieu, le tout mis à la sauce d’une sorte de tour Eiffel de l’époque.
Les plus cultivés pensent à l’archi-célèbre tableau de Bruegel et complètent en disant que c’est l’histoire d’un roi qui voulait atteindre les Cieux, suite à un ego surdimensionné. Et que Dieu s’est fâché en apprenant la chose, foudroyant la construction.
Enfin, les croyants, kabbalistes en tête, se référeront à l’Ancien Testament et nous raconterons la « vraie » histoire, à tout le moins dans sa genèse. Et de Genèse, c’est le cas de le dire, puisque c’est dans ce livre que nous y trouverons le récit de cet épisode biblique.
Mais avant d’entrer dans le vif sujet, permettez-moi de vous orienter aussi vers le remarquable roman de E.E. Schmitt, La Porte du ciel.
Il y présente sa vision de la tour de Babel. A lire. Dépaysement garanti.
Babel !
« La terre entière se servait de la même langue et des mêmes mots. Or en se déplaçant vers l’orient, les hommes découvrirent une plaine dans le pays de Shinéar et y habitèrent. Ils se dirent l’un à l’autre : « Allons ! Moulons des briques et cuisons-les au four. »
Les briques leur servirent de pierre et le bitume leur servit de mortier.
« Allons ! dirent-ils, bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche le ciel. Faisons-nous un nom afin de ne pas être dispersés sur toute la surface de la terre. »
Le Seigneur descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils d’Adam.
« Eh, dit le Seigneur, ils ne sont tous qu’un peuple et qu’une langue et c’est là leur première œuvre ! Maintenant, rien de ce qu’ils projetteront de faire ne leur sera inaccessible ! Allons, descendons et brouillons ici leur langue, qu’ils ne s’entendent plus les uns les autres ! »
De là, le Seigneur les dispersa sur toute la surface de la terre et ils cessèrent de bâtir la ville.
Aussi lui donna-t-on le nom de Babel car c’est là que le Seigneur brouilla la langue de toute la terre, et c’est de là que le Seigneur dispersa les hommes sur toute la surface de la terre. »[1]
[1] Genèse, 11, 1-11 (Tob)
Ca, c’était pour la version « officielle ». A première lecture, moi, je lis plutôt que les Hommes avaient une chouette vision des choses : un peuple, une langue, une bonne entente.
Et c’est Dieu qui vient jouer les troublions dans l’affaire. C’est lui qui brouille les langues et disperse les humains.
Bé ! On est loin du récit légendaire « communément admis » que voici.
Le roi commande une tour pour joindre le ciel et ainsi affirmer sa grandeur au monde. La tour, instable dans les hauteurs, voit un pan de mur se fissurer. Les architectes et chefs de chantiers sont contrariés, car cela retarde les plans et risque de provoquer une catastrophe. Ils se concentrent sur les moyens de réparer, tout en ne prenant pas de retard sur le délai prévu. On bosse double. Du coup, un ouvrier tombe d’un échafaudage et meurt, assommé par une brique. Les architectes et chefs de chantiers ne s’en occupent pas, trop préoccupés qu’ils sont, par le retard pris à cause de la fissure dans le mur. Du coup, colère de Dieu, courroucé qu’il est, de voir les hommes se préoccuper davantage d’une contingence matérielle que d’une mort d’homme. Et Dieu foudroie la tour.
Constatation : on retrouve plus d’éléments en lien avec la carte du tarot dans la légende, que dans le texte biblique.
Et dans l’arcane – version édition U.S. Game Systems ci-dessus – que dans celui du Marseille.
Triple différence pour une seule similitude : l’intervention divine.
Dieu est responsable de l’envoi de sa colère divine : Soleil.(1)
La foudre est responsable de l’effondrement de la tour (2).
Là où on voit la Tour de Babel, il y a un roi déchu. Il est couronné.(3)
La légende parle de mort d’homme suite à une chute de pierre.(4)
Vocabulaire.
« la Genèse donne comme étymologie confusion, en réalité le mot signifie porte du dieu : Bab-El.[1] »
« Le mot, employé par allusion biblique avec une valeur péjorative, est attesté une première fois en parlant de Rome, considérée comme un lieu rempli d’orgueil et de confusion. »[2]
[1] Le Grand Robert de la langue française
[2] le Robert, dictionnaire historique de la langue française
16/Maison est effectivement un moment de confusion.
Celui qui se confronte à la carte, sent qu’une partie de lui ne lui appartient plus, et qu’une force venue de nulle part et d’ailleurs sème le trouble en lui. Ouverture à Dieu, sur Dieu ? En tout cas, la porte du Dieu est ouverte dans la carte.
L’orgueil vole en éclat avec la couronne qui s’envole. Nous en avons déjà suffisamment parlé[1]. L’analogie est cohérente.
[1] voir tarot psychologique, p.165 et tarot divinatoire, p.709
Mythe.
« Le mythe de Babel, c’est le mythe de la destruction du langage comme instrument de communication ; or le langage est frappé à la fois comme pouvoir de l’individu par mensonge, bavardage, flatterie, séduction – et comme institution par dispersion des langues et par malentendu à l’échelle des ensembles culturels, des nations, des classes, des milieux sociaux »[1].
[1] Paul Ricœur, Histoire et vérité,coll. Points
De 15/Diable, à la langue fourchue et bien pendue dans le, à 20/Jugement, à la langue orange de Vérité, il y a tout le travail à accomplir, pour celui qui veut manier le verbe, avec la perfection de 8/Justice :
- la prise de conscience du poids des maux que l’on distille avec les mots, en 16/Maison, …
- avant de s’initier au langage des oiseaux en 17/Etoile, …
- au langage symbolique et intuitif en 18/Lune, …
- pour enfin acquérir le langage universel de la fraternité en 19/Soleil.
« Le mythe de Babel, c’est le mythe de la destruction du langage comme instrument de communication ; or le langage est frappé à la fois comme pouvoir de l’individu par mensonge, bavardage, flatterie, séduction – et comme institution par dispersion des langues et par malentendu à l’échelle des ensembles culturels, des nations, des classes, des milieux sociaux »[1].
[1] Paul Ricœur, Histoire et vérité,coll. Points
Ou : de 16/Maison à 20/Jugement.
► 20/ symbolisant la Pentecôte : flammèches et langue tirée de l’ange.
► Mais quid de 16/ ? Crucifixion ? Ascension ? autre chose ?
Et que se passe-t-il entre les deux ? En quoi l’Etoile, la Lune et le Soleil permettent-ils de passer du Chaos à l’uni (-cité,-fication -formité) linguistique, comprenons le langage universel, celui des Esprits réunis, des âmes réconciliées ou des corps ne faisant plus qu’Un ?
Quels sont les trois œuvres à accomplir au travers de ces trois cartes, afin de dissoudre les mal – entendus et obtenir une solide pierre, sur laquelle reposer les bases de la philosophie ou bâtir une Eglise œcuménique universelle ?
L’Histoire renvoie à la captivité des Hébreux à Babylone. Ces derniers y observent le ziggourat du dieu local, qui permettait au dieu babylonien Marduk de descendre parmi les hommes et au roi de s’élever jusqu’à la divinité.
- Genèse de la vision de Jacob et de sa célèbre échelle [1]?
- Origine de l’archétype stipulant comme quoi, il est présomptueux de vouloir accéder à dieu ?
- Règlement de compte des Hébreux avec le peuple qui les avait réduits à l’esclavage ?
Le récit de la tour de Babel leur permettant ainsi d’effectuer une catharsis libératrice, envers le peuple qui avait eu l’audace de les soumettre ?
- Babel/Babylone est un symbole de corruption. L’épisode de la tour, dans le chapitre 11 de la Genèse, est significativement placé à la suite d’une série de fautes humaines, punies par Dieu (l’expulsion d’Adam et Ève hors du Paradis, le bannissement de Caïn meurtrier de son frère, le Déluge, et enfin l’inachèvement de Babel).
- 16/Maison suit 15/Diable.
[1] Genèse, 28
Dans cette optique, il est logique de voir Dieu intervenir dans notre existence pour nous rappeler à l’ordre. Certains parleront de châtiment divin. Question de foi.
- Désignée comme la Grande Prostituée, Babylone exhibe un luxe contraire à l’humilité prônée par les Évangiles. Le passage de 15/Diable à 16/Maison, aboutissant à 17/Etoile, entre en exacte vibration avec ce moment d’effondrement salutaire, pour ramener le Pèlerin à plus de justesse dans son chemin vers St Jacques.
- A moins que la ville de Compostella ne soit elle-même assimilée à Babylone … La ville sacrée du pèlerinage ne s’est-elle pas, dès le Moyen-Age, transformée en un lieu touristique où les marchands du temple s’en donnent à cœur joie pour ponctionner le pèlerin et où les bondieuseries remplacent le sacré ? Jésus n’y aurait-il pas agi comme au Temple, à Jérusalem, s’il s’y était trouvé dix siècles plus tard ?
- 16/Maison, Compostelle en lien avec Babel. Piste.
Maintenant, je secoue le tout et conclus.
Neutre.
► Babel pas bon.
► Echelle de Jacob : lien avec Dieu.
► Pentecôte : bon.
Le langage de Dieu est universel. Il peut être compris de tous.
Pas neutre.
Pas besoin d’être croyant pour se laisser pénétrer par EPLH.
Mais si ce dernier intervient, bonjour le choc et les conséquences.
A vous de jouer. Quelle est votre version ?
La suite de l’article arrive tout bientôt.
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