Tetramorphe

Tetra, quoi ? Moi, je connais les jeux tétris. Ca a un truc à voir ? Faut empiler des cartes, comme dans le jeu où on empile les briques ? Si c’est ça, c’est trop facile !

tertamorphe et carte du tarot de marseille

De quoi s’agit-il ?

 

Le monde, en matière symbolique, c’est avant tout le Tétramorphe. Avec lui, nous nous heurtons à un archétype. Mais non à un mot français. Ne cherchez pas dans le Larousse ou Le Robert, vous n’y trouverez pas de définition de ce terme.

Par contre, les livres et sites ésotériques regorgent de description plus fantaisistes les unes que les autres de ce monument de l’iconographie, comme aurait dit A. Court de Guébelin.
Allons puiser l’eau à la meilleure source qu’il soit : l’abbaye de la Pierre-Qui-Vire.

« La première représentation connue du Tétramorphe chrétien est, à notre connaissance, celle de deux plats d’un évangéliaire daté de 420 et conservé à la cathédrale de Milan. »

Le monde des Symboles, ed. du Zodiaque, abbaye de la Pierre-Qui-Vire

la carte du monde dans sa mandorle de gloire ou le tetramorphe revisité

Cinquième siècle pour un Tétramorphe chrétien. Cela sous-entend qu’il en existait avant, sous d’autres formes.
En Égypte, par exemple, ils étaient les « quatre gardiens du créateur », représentés dans plusieurs temples, dont celui d’Edfou. Voici ce qu’en dit Nadine Guilhou, égyptologue à l’université de Montpellier :

« De son côté, pressentant lui aussi des combats, le créateur résolut de créer à partir de lui-même quatre gardiens. L’un avait les apparences d’un rapace. Le visage encadré d’ailes, il portait un harpon. On le nomma Seigneur du harpon. Le deuxième était un lion puissant ; il portait un couteau. C’était le Seigneur du couteau.  Le troisième, un serpent, brandissait un poignard. On le dénomma « celui dont la terreur est grande ». Le quatrième, enfin, portait aussi un couteau, c’était un taureau et son nom fut : celui dont le rugissement est puissant. Ces quatre gardiens se subdivisèrent en quatre compagnies, les lions au nord, les serpents à l’est, les faucons au sud, les taureaux à l’ouest. Munis de leurs armes, ces génies gardiens constituaient à Edfou, le rempart vivant du créateur. Ils se figèrent autour de lui, constituant la mer d’enceinte de son temple. Et c’est ainsi que fut créée la demeure de Rê, semblable à l’horizon du ciel, immense, où il pouvait séjourner pendant des millions de millions d’années. »[1]

[1] cité in, Eléments de mythologie égyptienne

« Quand la jeune église chrétienne se forma, pour son langage mystérieux, une première série de figures emblématiques, elle en emprunta plusieurs, aux religions antérieures à sa propre existence et leur conserva presque toujours une forme identique,  les appliquant à ses dogmes, laissant les sens allégoriques qu’ils avaient depuis leur création. Elle n’en modifia pas non plus les formes acceptées et souvent conventionnelles. »

L.Charbonneau-Lassay, le bestiaire du Christ, A.Michel, p. 26

Jetons un oeil sur ce que nous dit l’Eglise catholique de France :
« Tertamorphe : du grec tétra, quatre et morphé, forme
Représentation des quatre évangélistes sous leurs formes allégoriques, (l’homme pour Saint Matthieu, l’aigle pour saint Jean, le taureau pour saint Luc et le lion pour saint Marc).
Cette représentation est inspirée de la vision d’Ezéchiel (Ez 1, 1-14) et par la description des quatre vivants de l’Apocalypse selon Saint Jean. »
La vision d’Ezechiel mérite le détour, comme dirait Michelin. Et pour le découvrir, c’est par ici.
Quand à la description des quatres Vivants et leur implication pour amateur de tarot, c’est bien ici, mais dans … quelques temps.

Je tenterai de répondre aux questions suivantes :
► Pourquoi un personnage qui ressemble à une femme et non à un Christ, au centre de la carte ?
► Pourquoi cette représentation aussi symbolique que « cadrée », formatée, vient-elle clore les cartes numérotées du tarot ?
► Pour le Pérégrinant, en quoi le passage par le Tetramorphe peut-il  lui apporter « un plus » dans sa démarche de développement personnel ?

tertamorphe dans le tarot de marseille

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Cet article est un extrait inspiré du livre : Le tarot symbolique,

1.420 pages, 2014

Vincent Beckers, le tarot symbolique