Du triangle et du carré.
Quand les formes géométriques donnent à voir ce qui est invisible à l’oeil nu.
De ce qu’on voit,
mais qui n’est pas.
J’ai déjà évoqué l’importance d’être capable de voir au-delà des apparences.
Les Imagiers et les sculpteurs nous présentent leurs messages subliminaux, de façon déguisée, cachée … invisible. Observons donc 12/Pendu, sous l’angle de ce qu’on ne voit pas !
Nous retrouvons dans cette carte une symbolique déjà évoquée en 7/Chariot : celle des formes géométriques invisibles … mais pourtant bien présentes.
Il en va de même en architecture sacrée. Pour preuve, la remarquable église Notre-Dame de Poitiers, chef-d’oeuvre de l’art roman.
Les Oeuvriers y ont conçu un message sur les formes et les volumes, assez similiaire au travail spéculatif auquel on se livre en méditant sur la pierre cubique. Le carré et le triangle.
Quand on arrive devant l’église, on est stupéfait de sa forme carrée. Là où la majorité des édifices nous proposent un bâtiment rectangulaire, tout en élévation, ici, c’est un pavé, un carré bien taillé qui s’offre à nous. Carré, matière, concret, visible, palpable.
Et pourtant. A bien y regarder, on peut constatera que le triangle y est aussi présent. Triangle, élévation, spiritualisation. Tracé au centre, au coeur du message de la façade. Telle une invite à la spiritualisation de la matière. Ca y est : le lien avec le tarot est tracé. D’architecte ? Non, de guide touristique. Rire.
De la matière et de sa sublimation.
La matière, c’est le carré.
Elle est logiquement et symboliquement placée dans le bas.
Le bas de la carte ou le bas du personnage ?
L’esprit, le spirituel, c’est le triangle.
Logiquement et symboliquement placé dans le haut.
Le haut de la carte ou le haut du personnage ?
Ce qui est certain, c’est que le tout forme une pierre à pointe.
Mais vers le haut ou vers le bas ?
Indice de taille.
De pierre (pff, facile !).
C’est ici qu’il est intéressant de se souvenir de la symbolique romane du retournement.
Moment important, tant dans le processus initiatique qu’avec un travail sur soi.
En lien avec la symbolique énergétique d’une église, il représente l’instant où on est capable de ressentir les vibrations du lieu, parce qu’on accompli le chemin initiatique nécessaire à son ouverture.
Ramené à soi, et par analogie, je dirais que le retournement est l’instant où son écoute intérieure éveillée- je vous rappelle ici que le Pendu est le seul humain du tarot dont on voit une oreille, enfouie dans le sol – on capte enfin les choses, on comprend et se comprend.
Le Pendu serait-il en train d’accomplir son acte de retournement ?
Je vous l’explique ici.
Alchimie.
Poursuivons avec l’analyse des formes géométriques invisibles mais présentes. Alchimiques, cette fois.
Le soufre (âme), c’est un triangle sur une croix.
L’Accomplissement du Grand Œuvre, c’est l’inverse : une croix sur un triangle.
12/Pendu aurait-il accompli son Grand Œuvre ?
« L’opposition ainsi mise en lumière (avec 4/Empereur) est celle du Feu et de l’Eau, du Feu intérieur ou « infernal » au sens littéral du mot, et de l’Eau sublimée ou céleste. »
O.Wirth, Le tarot des Imagiers du Moyen-Age, ed. Tchou, p. 182
Heu …
« L’entrée en soi conduit à la réalisation du Grand Œuvre par la voie sèche du Dorisme (symbole du triangle sur sa base, 4/Empereur), alors que la sortie de soi y achemine par la voie humide de l’Ionisme (symbole du triangle sur la pointe, 12/Pendu). »
O.Wirth, Le tarot des Imagiers du Moyen-Age, ed. Tchou, p. 182
Alchimie et tarot ont beau être reliés par bien des aspects, je vous avoue que l’alchimie spéculative me semble bien plus complexe et abstraite que les cartes. Sans doute le tout est-il d’oser se plonger une fois pour toute dans le bain mercuriel, pour pouvoir en tirer la quintessence … Et là, c’est comme avec le tarot : un soufre sans fond, heu, pardon, un gouffre sans fond.