La question du mal.

Le Diable est la seule carte du tarot qui évoque de prime abord une notion difficile à appréhender : le mal. Toutes les autres dénominations de cartes incarnent des termes ou des fonctions, des statuts ou des objets, dont l’évocation ne contrarie pas celui qui tire l’arcane. Tandis que le Diable …

esprit du mal dans la carte du tarot le diable

Le mal.

«Il s’agit d’un versant du monde qui n’a cessé de questionner l’humanité. La conscience humaine, ce cadeau des dieux ou de l’évolution, véhicule la peur. (…)
Sur cette évidence, quel culte bâtir ?
Pour les Deux Testaments du judéo-christianisme, le Mal n’est pas le fait d’un Divin unique (monothéisme), ni celui d’une puissance maléfique de même essence que le Bien (le dualisme), ni celui de la Matière (le gnosticisme).(…)
Pour l’islam, l’affaire est entendue. Tout ce qui arrive de bien à l’homme est le fait de Dieu. Tout ce qui lui arrive de mal est de sa faute.
Pour le christianisme, l’explication théologique « dédouanant » Dieu de toute culpabilité dans ce qu’il advient de l’humanité est plus nuancée. Le don de la liberté plénière accordée à l’homme véhicule une contrepartie, recèle un ubac, un versant noir. L’homme est libre de ne pas choisir l’Amour, vecteur du Bien, et Dieu en souffrira comme il se désolera en assistant à la déchéance du pécheur. (…)
La pensée iranienne choisira, elle, une voie bien plus simple pour disculper le « bon » Divin, la voie de Zoroastre.
Elle opposera au Bien une Force maléfique autonome, n’appartenant pas au champ de la création du Dieu bénéfique.
Ce Dieu, seul être incréé et éternel, doit affronter un être maléfique incréé mais non éternel, qui ne pourra être définitivement vaincu qu’avec l’aide des humains. »

J.Rifflet, Les mondes du sacré, ed. Mols, p. 467-468

Zoroastre.

Selon moi, c’est au zoroastrisme et dans le mazdéisme qu’il faut remonter pour trouver trace de la première allusion à la  notion de diable, esprit du mal. Le zoroastrisme est d’ailleurs reconnue comme la première religion monothéiste, au sein de la famille indo-iranienne, au 1er millénaire avant JC. Nous y retrouvons le dieu soleil, Mithra (tiens, tiens, une vieille connaissance). Ce n’est pas pour rien que j’ai choisi cette iconographie pour illustrer le thème. Si vous ne faites pas le lien je vous rencoie avec plaisir au : Le tarot symbolique, page 1.031.

Zoroastre (Zarathoustra en persan) est le dieu suprême. Le zoroastrisme comportait deux divinités principales, antagonistes et jumelles : un dieu de la Lumière, Ahoura Mazda et un dieu des Ténèbres, Ahriman.

« Le zoroastrisme peut ainsi être défini comme une doctrine morale, le Bien et le Mal, offrant à l’homme le choix d’opter pour l’un ou pour l’autre. C’est déjà le libre arbitre. »

J.Rifflet, Les mondes du sacré, ed. Mols, p.468

zoroastrisme et tarot

Mithra est le fils de Ahoura Mazda et il le seconde dans ses tâches. La victoire d’Ahoura Mazda dépend de l’engagement de ses disciples à combattre les forces du mal. D’où rituels à suivre et prescriptions morales à appliquer. La recherche de la pureté physique et spirituelle est de mise dans cette religion qui, millénariste, prévoit une fin des temps, au terme duquel les morts ressusciteraient.

« C’est précisément à bien orienter son comportement que s’attachent les efforts personnels de l’individu dans la concentration de ses pensées pour atteindre la perfection de son âme. »

MM.Davy, encyclopédie des mystiques III, ed. Payot, p.138

Catharisme.

Les actions de l’homme durant la vie conditionnent le sort de son âme après la mort : passage au fil de l’épée qui envoie, soit dans la Demeure du Chant, soit dans la Demeure de l’Erreur. Noms poétiques à nos yeux judéo-christianisés, pour Paradis et Enfer.

Quant au fil de l’épée, il n’est pas sans me rappeler la Mâât égyptienne (8/Justice) ou ce bon saint Michel chrétien.

Le zoroastrisme entraînera dans sa foulée mazdéisme, manichéisme et … catharisme. Petit clin d’oeil à tous ceux qui se disent avoir quelque affinitié avec les cathares :  pour comprendre les fondements de cette « religion », un détour par le zoroastrisme me paraît incontournable.

jacques rifflet mondes du sacré
davy encyclopédie des mystiques

Tarot ?

C’est bien beau toutes ces introductions. Mais le tarot dans tout ça ?
Je vous invite à aligner les arcanes 15/Diable, 16/Maison et 19/Soleil et 21/Monde devant vous.  Cachez-en le nom, pour ne pas être influencé par la culture
judéo-chrétienne qui en biaise l’image.

* M/ – 21/ est l’Essence.

* 15/ est le Mal, 19/ est le Bien.

* 16/ est l’Etre Divin.[1]

* M/ – 21/ est l’Essence.

Méditez.

[1] par Etre Divin, vous entendez ce qui correspond à vos convictions : EPLH, Dieu, Allah, Sublime Essence Cosmique, Gadlu, … votre propre essence divine …

« Les deux divinités du Bien et du Mal, bien que de puissance inégale, ont vu dans le cheminement de la pensée iranienne un stade évolutif accentué par les valeurs morales. Pour mieux affermir leur structure, elles ont abouti, avec l’apparition de l’Islam, aux nouveaux aspects antithétiques représentant le double visage de la nature humaine. »

MM.Davy, encyclopédie des mystiques III, ed. Payot, p.138

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Cet article est un extrait inspiré du livre : Le tarot symbolique,

1.420 pages, 2014

Vincent Beckers, le tarot symbolique