Le Déluge dans le tarot.

Le Déluge dans le tarot. Voilà un titre suffisamment ambigu et intriguant que pour avoir mené tout public à cliquer sur la page. Se positionnant dans la partie symbolisme du site, vous vous doutez bien que nous allons évoquer un mythe fondateur de l’humanité. Ca y est ! 87% des internautes ont zappé.

le déluge raconté dans le tarot

Plongeoir.

Le Déluge se retrouve dans quasiment toutes les mythologies et cosmogonies. Il s’agit d’un acte fondateur universel. Les hommes ont, de toute spatio-temporalité, eu recours à un récit de type Mega Inondation pour tenter d’expliquer, raconter, donner du sens à leur vie et celle de la société dans laquelle ils s’inscrivaient. Quelques exemples : 

  • Egypte : envoie Sekhmet
  • Religions du Livre : Noé, chez les chrétiens, hébreux et musulmans
  • Mésopotamie : le déluge dans l’épopée de Gilgamesh
  • Grèce : le déluge de Decalion, Platon et l’Atlantide
  • Civilisation amérindienne : le déluge dans le Popo Vuh maya

Pour n’en citer que quelques-unes.
Afin de ne pas vous inonder (inonder … déluge … lol) avec tous ces textes, je ne vous en propose que deux. Celui de la Genèse (nos racines judéo-chrétiennes) et celui de l’épopée de Gilgamesh (les racines premières).
Je vous propose d’en faire trois lectures.
Dans un premier temps, retrouve le récit, au sens littéral. Profitez-en pour tenter de trouver des similitudes entre ces deux textes : vous ouvrirez une grande bouche arrondie. Promis.

L’épopée de Gilgamesh remonte entre 2.600-1.700 ans av. JC. La rédaction de la Genèse date – aux dernières nouvelles, résultat de fouilles archéologiques – d’entre 800-300 ans av. JC. L’épopée de Gilgamesh fait donc partie des archétypes au moment où se rédigent les religions du Livre. A noter que la mythologie égyptienne (servant d’intermédiaire spatio-temporel) accordera aussi, une place importante au Déluge. Je l’évoque longuement dans Le tarot symbolique. Au risque de me répéter, c’est aux sources mésopotamiennes qu’il faut aller s’abreuver pour trouver l’origine de bien des … histoires de l’Histoire. Source : logique, quand on parle de Genèse et Déluge. Sourire.
Après avoir lu ces récits, et avant d’établir leur lien avec le tarot, je ne peux que vous inciter à tenter de trouver des liens avec ce que nous vivons actuellement avec les questions sur le climat, le réchauffement, la protection de la couche d’ozone, la déforestation, etc. Ici aussi, je vous promets une bouche arrondie et un grand « oooh! » d’étonnement. Oui, j’ai la faiblesse de penser que l’Homme ne fait jamais que répéter son histoire … Soupir de (à compléter par un mot de votre choix).
Allez, prêt à plonger ? Plouf ! C’est parti.

 

Le Déluge mésopotamien raconté par Atrahasis ou Uta-Napishtim.

inspiré par Le Grand Atlas de la mythologie, ed. Atlas

« Cet homme fit le récit à Gilgamesh de la colère des grands dieux, qui avaient voulu dépeupler la Terre parce que les hommes, de plus en plus nombreux, faisaient un vacarme étourdissant qui empêchait les dieux de se reposer.
Cependant, le dieu Ea des eaux souterraines, protecteur des humains, avait trahi les autres dieux en prévenant en songe son ami Atrahasis, en lui enjoignant de construire une arche étanchée au bitume et d’embarquer avec lui des spécimens de tous les êtres vivants.
À peine l’écoutille avait-elle été fermée que Nergal arrachait les étais des vannes célestes, et que Ninurta
se précipitait pour faire déborder les barrages d’en-haut.
Adad étendit dans le ciel son silence-de-mort, réduisant en ténèbres tout ce qui avait été lumineux !
Six jours et sept nuits durant, bourrasques, pluies battantes, tonnerre, éclairs et ouragans brisèrent la Terre comme une jarre. Les dieux eux-mêmes étaient épouvantés : prenant la fuite, ils escaladèrent jusqu’au ciel d’Anu où, tels des chiens, ils demeuraient pelotonnés.
Le septième jour, la mer se calma et s’immobilisa, et l’arche accosta au mont Nishir. Atrahasis prit une colombe et la lâcha ; la colombe s’en fut, mais elle revint.
Plus tard, il prit une hirondelle et la lâcha ; l’hirondelle s’en fut, mais elle revint.
Enfin, il prit un corbeau et le lâcha ; le corbeau s’en fut, mais ayant trouvé le retrait des eaux, il picora, croassa, s’ébroua, et ne revint pas.
Alors, Atrahasis dispersa aux quatre-vents tous les spécimens des êtres-vivants qui se trouvaient encore dans l’arche, et fit un sacrifice.
Lorsqu’il constata, après le cataclysme, que ses plans avaient été déjoués, Enlil retrouva néanmoins son calme, car il avait fini par comprendre que la disparition des hommes aurait ramené à la situation qui avait conduit à leur création.
Il accorda l’immortalité à Atrahasis, mais fit en sorte que les hommes troublent désormais moins la quiétude des dieux, en diminuant la durée de vie des humains, en introduisant les maladies, la stérilité, etc. »

le déluge dans le tarot raconté par vincent beckers

Le Déluge judéo-chrétien.

extraits de Genèse, 5-8 (trad. œcuménique)

« La terre s’était corrompue devant Dieu et s’était remplie de violence. Dieu regarda la terre et la vit corrompue, car toute chair avait perverti sa conduite sur la terre. Dieu dit à Noé :
«Pour moi la fin de toute chair est arrivée ! Car à cause des hommes la terre est remplie de violence, et je vais les détruire avec la terre. » J’établirai mon alliance avec toi. «Entre dans l’arche, toi, et avec toi, tes fils, ta femme, et les femmes de tes fils. De tout être vivant, de toute chair, tu introduiras un couple dans l’arche pour les faire survivre avec toi ; qu’il y ait un mâle et une femelle ! (…)
En l’an six cent de la vie de Noé, au deuxième mois, au dix-septième jour du mois, ce jour-là tous les réservoirs du grand Abîme furent rompus et les ouvertures du ciel furent béantes. La pluie se déversa sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits.
Au bout de cent cinquante jours les eaux diminuèrent. (…) et, au septième mois, le dix-septième jour du mois, l’arche reposa sur le mont Ararat. Les eaux continuèrent à diminuer jusqu’au dixième mois ; le dixième mois, au premier jour, les cimes des montagnes apparurent.
Or au bout de quarante jours, Noé ouvrit la fenêtre de l’arche qu’il avait faite. Il lâcha le corbeau qui s’envola, allant et revenant, jusqu’à ce que les eaux découvrent la terre ferme. Puis il lâcha la colombe pour voir si les eaux avaient baissé sur la surface du sol.
Mais la colombe ne trouva pas où poser la patte ; elle revint à lui vers l’arche car les eaux couvraient toute la surface de la terre. Il tendit la main et la prit pour la faire rentrer dans l’arche. Il attendit encore sept autres jours et lâcha à nouveau la colombe hors de l’arche. Sur le soir elle revint à lui, et voilà qu’elle avait au bec un frais rameau d’olivier ! Noé sut ainsi que les eaux avaient baissé sur la terre. Il attendit encore sept autres jours et lâcha la colombe qui ne revint plus vers lui. Or, en l’an six cent un, au premier jour du premier mois, les eaux découvrirent la terre ferme. Noé retira le toit de l’arche et vit que la terre était ferme. (…)
Le Seigneur respira le parfum apaisant et se dit en lui-même : «Je ne maudirai plus jamais le sol à cause de l’homme. Certes, le cœur de l’homme est porté au mal dès sa jeunesse, mais plus jamais je ne frapperai tous les vivants comme je l’ai fait. Tant que la terre durera, semailles et moissons, froid et chaleur, été et hiver, jour et nuit jamais ne cesseront. »

So what ?

 

M.Eliade, histoire des croyances et des idées religieuses

« … on constate que les causes principales (du déluge) résident à la fois dans les péchés des hommes et dans la décrépitude du Monde. Par le simple fait qu’il existe, c’est-à-dire qu’il est vivant et qu’il produit, le Cosmos se détériore graduellement et finit par dépérir. C’est la raison pour laquelle il doit être recréé. Autrement dit, le déluge réalise à l’échelle macrocosmique ce qui, symboliquement, est effectué pendant la fête du Nouvel An : la « fin du monde » et d’une humanité pécheresse, pour rendre possible une nouvelle création. »

M.Eliade, Histoire des croyances et des idées religieuses,tome 1, ed.Payot, p.75

Des réveillons.

 

Puissent tous ceux qui festoient le 31/12 et prétendent effectuer un travail de démarche spirituelle se poser quelques pistes de réflexion entre les petits fours et le champagne.

Puissent les défenseurs du 25/12 en faire tout autant, en se demandant ce qu’ils fêtent exactement, une fois la dinde avalée.

Enfin, puissent tous les partisans des théories du complot de tous genre, fin d’un monde, début d’une ère nouvelle, apprécier la justesse des propos de M. Eliade. Traduits en français en … 1976.

Quant à notre tarot et à l’oiseau en 17/Etoile, il est là, tel le corbeau mésopotamien ou la colombe chrétienne. Hi, hi, hi.
C’est ici que tous ceux d’entre vous qui ont eu le courage de lire cette page en entier se disent que, nindju que nindju, ce tarot, c’est vraiment un truc de ouf ! Non ?

l'oiseau du déluge dans les cartes du tarot

Et le tarot dans tout ça ?

 

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Cet article est un extrait inspiré du livre : Le tarot symbolique,

1.420 pages, 2014

Vincent Beckers, le tarot symbolique