Carte du Mât : Anubis et Saint Roch

symbolique de la carte du Mât

carte du Mât, Anubis et Saint Roch

Une même histoire qui traverse le Temps.

Le lien entre le Mât et Saint Roch a fait l’objet d’un long développement dans le cadre du chemin du Pèlerin, auquel se livre le Pérégrinant qui travaille le tarot à niveau 2 (voir tarot psychologique, pages 56-65)

Je ne reviendrai donc pas sur le fond du parallélisme. Mais bien sur la forme. Car l’historien et le symboliste ne peuvent qu’une fois de plus s’émerveiller devant la notion de passage, d’évolution d’un même récit à travers le temps.

Anubis, le passeur d’âme

Anubis, dieu du Passage dans la mythologie égyptienne, préside à l’embaumement du mort. Il accompagne ce dernier tout au long du processus du Livre des Morts, l’amenant devant Mâât puis Osiris ou Sobek, selon le Jugement rendu. Anubis est un donc un dieu passeur. Homme à tête de chien, et toujours accompagné de son bâton. Il conduit le défunt à travers le pays d’épouvante qui sépare le séjour des vivants du royaume des Morts. Il amène le défunt devant les 42 juges (42=4+2=6 … 6/Amoureux ?) qui, avec Osiris, examinent sa conscience ; il place l’âme du défunt sur le plateau.
Envie d’en savoir plus sur ce point précis ? Voir le chapitre sur la mythologie égyptienne : la scène de la pesée des âmes dans le tarot symbolique, tome 1, volume 2

Si le Mât est Anubis et que le Mât est moi …

Jusque là, rien de truculent. Mon esprit tordu s’intéresse alors à la personnalité d’Anubis.
Qui est-il, d’où vient-il ? 
Si l’analogie avec le Mât est flagrante et que le Mât, c’est nous avec notre histoire, notre passé, notre généalogie encombrante, il devrait y avoir des choses intéressantes dans le vécu d’Anubis, propre à éclairer le Mât sous un jour nouveau ou amplifié. Vous me suivez ? Non, je vois bien à vos yeux d’hippopotame (Toueris dans la mythologie égyptienne) que vous quémandez une reformulation. Si le Mât est Anubis et que le Mât incarne le Cheminant, alors Anubis représente aussi le Cheminant. Accroissement de vocabulaire, je viens de faire un… un … syllogisme. Bravo ! Invention d’Aristote, Grec, donc rien à voir la mythologie égyptienne. Parenthèse. Sourire.

Quand le Mât porte le baluchon d’Anubis…

Le Cheminant, c’est vous, c’est moi, c’est nous.

Au moment où nous prenons notre baluchon – composé de tout ce que nous avons récolté avec la cuillère du bâton, fruit de nos expériences, de notre passé, de notre incarnation, de notre appartenance à un clan – nous acceptons de porter un lourd fardeau. Anubis devrait donc, lui aussi, se situer dans une généalogie lourde de sous-entendus. Ce qui serait d’ailleurs génial et réconfortant pour nous. Puisque le mythe fondateur se transmet de bouche à oreille pour traverser l’espace et le temps, afin de donner du sens à la vie de celui qui l’entend. Le récit de l’incarnation d’Anubis devrait donc, logiquement, me permettre de mieux comprendre qui je suis. C.Q.F.D.

Ca va mieux ? Quoi ? Vous salivez déjà à l’idée d’entendre l’Histoire généalogique d’Anubis ? Vous avez bien raison. C’est parti, accrochez-vous.

« Isis apprit qu’Osiris amoureux avait eu, par méprise, en la prenant pour Isis elle-même, commerce avec Nephtys, sa sœur. Ayant trouvé dans la couronne de mélilot qu’Osiris avait laissée auprès de Nepthys, un témoignage évident de leur union, Isis se mit à chercher l’enfant que la  mère, dans la crainte de Seth,  avait exposé tout aussitôt après lui avoir donné le jour. Isis, conduite par des chiens, le retrouva  difficilement et à grand peine. Elle se chargea de le nourrir, et cet enfant, répondant au nom d’Anubis,  devint son accompagnateur et son gardien. On le dit préposé à la garde des dieux, comme les chiens le sont à la garde des hommes. »

Pour mieux profiter de ce scénario digne d’un vaudeville ou d’un sitcom à la Dallas, je vous rappelle qu’Isis est mariée à Osiris et que Nephtys est l’épouse de Seth, ennemi juré d’Osiris. Et si vous ramez avec la mythologie égytienne – ce qui est tout à fait compréhensible – je vous fixe rendez-vous ici pour une vulgarisation du récit en question. 

Aaaarggh ! Ce que je souhaitais mettre en exergue, c’est l’analogie entre le chemin de la personne en développement personnel et la mythologie. Un peu comme si l’histoire de l’un racontait l’histoire de l’autre. Et réciproquement. Nooon ?

A propos du mythe

 » Le mythe a avant tout une fonction d’enseignement et pour ainsi dire de fil conducteur, menant le Héros à son propre sacrifice ou à l’anéantissement de sa propre individualité, détruisant ainsi les relations illusoires du sujet et de l’objet pour accéder enfin, dans l’Identification Suprême, à l’état de « Sujet Total », au-delà de toute distinction. »

K.Appavou, R.Mougeot, La vouivre, un symbole universel, ed. Ediru, p.102

 

« Trois fonctions au mythe : narrative (le mythe raconte), initiatique (le mythe révèle) et étiologique (le mythe explique) »

Deuxième colonne du mandala

Le mythe donne du sens au vécu quotidien de celui qui l’écoute et sait le décrypter. Seconde colonne du mandala. Rôle respectif de 2/Papesse qui apprend à lire entre les lignes et de 9/Hermite qui éclaire l’écoutant sur ce qu’il lui faut entendre et comprendre. Afin qu’en 16/Maison, le Pèlerin arrivé à Saint Jacques, ait l’illumination. Ou la compréhension de certaines choses. C’est moins poussif.?
Anubis ne naît pas d’une union saine, classique et amoureuse. Anubis est un enfant exposé.[1] Tout comme Moïse ou Œdipe. Pour n’en citer que deux. Anubis est un enfant caché, un enfant de la honte et de l’infidélité. Oups !

[1] voir Œdipe, le mythe, pas le complexe : p.67 ss.

(re)naissance

Je vous repose ici la question fondamentale en lien avec le Mât et 3/Impératrice : que savez-vous des conditions dans lesquelles vous avez été créé ; comment s’est déroulé l’acte de votre conception ?[1]
Les lièvres se lèvent par dizaines. Que de choses de votre quotidien pourront s’éclairer d’un jour nouveau lorsque vous aurez accès à cette information. Do it, my friend, do it ! Version plus optimiste et positive : Anubis-Mât nous aide à franchir le pas pour nous affranchir du passé, pour aller vers notre avenir. Certes. Mais M/Mât est 13/ASN et Anubis nous emmène au Royaume des Morts. OK, ce n’était pas si réjouissant que cela.

[1] voir tarot psychologique, p. 89 et 204

Et Saint Roch d’aparaître !

Christianisé, le mythe restera mythe, mais deviendra aussi et entre autre, hagiographie. 
Saint Roch, nous voici ! Petit rappel des faits [1], comme dirait le présentateur du JT.

[1] voir tarot psychologique, p.56

Saint Roch est la carte du Mât du tarot. Et inversément.

Saint Roch

Saint Roch (1200-1237) est né à Montpellier. Il se rend en pèlerinage à Rome où sévit la peste. Chemin faisant, il soigne de nombreux malades. Lui-même atteint, il s’isole dans une forêt où un ange le soigne, tandis qu’un chien lui apporte chaque jour un pain. Il en retirera un don de guérison, mais, pris pour un espion, mourra en prison. Il deviendra le saint patron des voyageurs en général et des pélerins en particulier Par la suite, il deviendra tout naturellement le patron des pèlerins et sera présent partout sur le chemin de Saint Jacques. Dans l’iconographie, il sera présenté accompagné d’un chien, d’un bâton et montrera toujours ostensiblement sa blessure.
► Pour les chrétiens, Dieu qui guérit le mal.
► Pour les personnes en développement personnel, c’est la blessure que l’on souhaite guérir qui met en chemin.
► Pour les Cherchants, Roch est un passeur au même titre qu’Anubis : homme – chien qui aide à franchir le pas vers une autre dimension de soi.
► Pour les symbolistes, le chemin de Saint Jacques est donc un chemin de mort-renaissance.
► L’amateur de tarot appréciera tout particulièrement la suite : M/Mât, 13/ASN, 16/Maison-17/Etoile, 21/Monde. Le départ, la mort, la renaissance à Saint Jacques (16), de Compostelle (17), pour finir, être accompli, au cap Fisterra (21).
Anubis, dieu passeur à tête de chien évolue dans la spatio-temporalité pour devenir Saint Roch dans l’hagiographie chrétienne et le patron des Initiés dans les sciences occultes. Quel beau chemin !

Parlant de chemin, il  faudrait encore rajouter saint Christophe. Autre analogie avec la symbolique de la carte du Mât. J’évoque le sujet dans cet article.

 

 

Cet article est un extrait du livre : Le tarot symbolique,

1.420 pages, 2014

Vincent Beckers, le tarot symbolique