Mithra
Mithra est un dieu vénéré durant l’Antiquité chez les peuples de langue iranienne.
Son culte fut adapté et connut un important développement dans l’Empire romain aux deuxième et troisième siècles de notre ère.
Une mythologie particulière s’est développée, dans laquelle le dieu met à mort un taureau afin de permettre la régénération du monde. C’est un culte à mystères, réservé à des initiés qui cherchent une relation personnelle avec le dieu, qui le vénèrent dans des sanctuaires spécifiques
Au tournant du xxe siècle, les travaux de Franz Cumont sur les « Mystères de Mithra » connaissent une grande diffusion et popularisent la vision d’un mithraïsme revivifiant le paganisme en voie de disparition et concurrençant le christianisme.
Lien avec le tarot ?
Un des aspects du culte, du mythe et de l’iconographie mithraïques est la scène du tauroctone. Je ne pense pas devoir développer davantage son lien avec la scène dans la carte de la Force.
« Le taureau se confond avec le dieu ; le sacrifice du taureau est un sacrifice du dieu. L’animal n’est en quelque sorte qu’une partie du héros ; il ne sacrifie que son animal, donc n’abandonne symboliquement que son instinctivité. La participation intime à l’acte du sacrifice se traduit par le visage douloureusement extatique de Mithra tuant le taureau. Il le fait volontairement et involontairement, d’où l’expression pathétique particulière que l’on trouve sur certains monuments, qui présente le visage quelque peu sentimental du Christ. Cumont insiste également sur : « ce visage tel qu’on peut l’observer dans les meilleurs répliques, est celui d’un jeune homme d’une beauté presque féminine ; une abondante chevelure bouclée qui se dresse sur le front et l’entoure d’auréole, la tête est légèrement penchée en arrière de façon que le regard se dirige vers le ciel, et la contraction des sourcils et des lèvres donne à la physiologie une étrange expression de douleur. (…)
L’expression morbide du visage rappelle le manque d’unité et la scission du sacrificateur : il veut et ne veut pas. Ce conflit exprime que le héros est en même temps sacrificateur et sacrifié. Cependant Mithra ne sacrifie que sa nature animale, c’est-à-dire son instinctivité. Nous avons vu au cours de cette recherche, que la libido constructive de formes religieuses retourne en dernier lieu vers la mère et représente par conséquent le lien par lequel nous sommes liés à nos origines. »
C.G.Jung, Métamorphoses de l’âme et ses symboles, ed. Poche, p. 698
Dans sa théorie, C.G.Jung présente l’enchaînement 11/Force – 12/Pendu – 13/Arcane Sans Nom.
Le “travail sur soi “(11) nécessite un impératif travail sur la mère et les origines (12), afin de s’en libérer. Pour ce faire, il faut sacrifier le taureau (lion de 11, lien coupé de 12) : travail en 13/ASN, durant lequel on coupe les têtes couronnées.
Le retour à la mère, de laquelle il faut couper le lien (corde de 12) est aussi symbolisé par la tête dans le sol (la Terre-Mère) : cordon à couper, taureau à tuer.
Si je reviens au début de la citation, j’avoue demeurer … extatique … devant la double présentation du visage de Mithra. Impassible ou indifférent. Bien sûr, ce n’est pas un hasard. Toutes les représentations de la scène présentent un jeune homme ressemblant à s’y méprendre aux premières illustrations de Jésus, contemporaines.
C’est ici qu’historiens, exégètes et symbolistes se complètent et s’enrichissent mutuellement.
A ma connaissance, la première exposition du rapport entre Mithra et le Tarot fut abordé dans “Les sources du tarot”. Un remarquable travail sur le culte de Mithra et ses liens avec le tarot, a été réalisé par C.Imbert, dont je vous recommande les ouvrages.

Les dadaphores
La scène de tauroctonie ne se limite pas au sacrifice du tarot. Elle s’enrichit de nombreux symboles. Ces derniers revenant systématiquement dans le statuaire mithraïque, on peut en conclure qu’il s’agit de Tradition, en lien avec le culte. Plusieurs d’entre eux sont assimilables avec des “moments” du tarot.
Ainsi, les dadaphores (porteurs de torche), positionnés de part et d’autre de Mithra, l’encadrent de lumière montante et descendante. A l’image du singe et du lièvre dans 10/Roue.
Allusion solsticiale dans les deux cas. La roue qui marque un changement d’ère, de paradigme. Mithra, avec un char solaire au-dessus de sa tête. Analogie possible et développement à venir dans les semaines à venir sur le site.
Les animaux
La présence d’un chien venant s’abreuver du sang du taureau. Vie se transfusant. Lien avec le chien du Mât qui donne vie au personnage, lequel lance le tarot.
Un serpent qui vient, rampant, rappeler les données telluriques de la scène qui se joue, n’est pas non plus sans rappeler un des rôles des reptiles se lovant aux pieds de Tempérance.
Un crabe qui pince les testicules du taureau, ne sont pas sans rappeler celui qui croupit au fond de 18/Lune, même si le rôle symbolique ne semble pas évident à établir.
Un corbeau (un des grades de l’initiation mithraïque) est toujours présent dans la scène. Occuperait-il un lien assimilable à celui de 17/Etoile ?
Tout ceci mérite développement. Dans les semaines à venir sur le site.
La suite de l’article arrive tout bientôt.
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