Apéritif
La genèse de la petite réflexion qui suit provient de l’interrogation suscitée par le présence d’un mystérieux bras, sur la partie droite de la carte du Pape. D’où vient-il ? De la carte qui suit, répondront immédiatement toux ceux qui ont compris la mécanique du mandala. Il s’agit de la main manquante dans la carte de l’Amoureux, rétorqueront en coeur les connaisseurs du tarot. Bon. mais encore ? Voilà ma réflexion lancée.
Un saint patron
Je mélange goulument les points de vue hagiographique, historique et religeux pour vous présenter saint Nicolas en quelques mots.
Il s’agit de l’évêque de Myre, ayant vécu à la fin du 3e. siècle.
Son hagiographie en fait celui qui a ressuscité trois enfants, tués – découpés – mis dans un tonneau, au saloir. Il deviendra le saint protecteur des enfants.
Ensuite, on en fera le patron des alchimistes, et des merciers. Entre autre. Merciers?
Du haut de la Grand-Place
Voilà qui ne peut parler qu’à mes compatriotes. Qui dit Grand-Place, pour tout Belge qui se respecte, dit Grand-Place de Bruxelles. Truffée de symboles alchimiques et maçonniques. J’y trouve mon terrain de jeu préféré, lorsque je guide à Bruxelles. Un des édifices y attire d’ailleurs toujours mon regard passionné. La maison du Renard (‘t Vos) arbore un beau Saint Nicolas en son sommet et ses trois (3) étages se décryptent à la fois sous l’angle alchimique, mais aussi un tel un tirage de tarot en trois cartes, véritable message publicitiaire de l’époque pour la guilde des merciers, dont la maison était le siège.
Et le tarot dans tout ça ?
Ben, il me sert de merveilleux prétexte analogique.
Trois étages, trois étapes au Grand Oeuvre. Un grand saint avec trois enfants. Un langage symbolique identique à celui du tarot … souvenons-nous que les maisons de la Grand-Place de Bruxelles ont été reconstruites tout à la fin du XVIIIe, époque de création de bon nombre de tarots : même époque, même culture, mêmes symboles.
♪ Souvenirs, souvenirs, … ♪
note : attention, vous êtes parti pour avoir la fredaine en tête tout l’après-midi !
Ils étaient trois petits enfants
Qui s’en allaient glaner aux champs
Tant sont allés, tant sont venus
Que vers le soir se sont perdus
Ils sont allés chez le boucher
Boucher, voudrais-tu nous loger ?
Ils étaient trois petits enfants
Qui s’en allaient glaner aux champs
Ils n’étaient pas sitôt entrés
Que le boucher les a tués
Les a coupés en p’tits morceaux
Mis au saloir comme pourceaux
Ils étaient trois petits enfants
Qui s’en allaient glaner aux champs
Saint Nicolas au bout d’sept ans
Vint à passer dedans ce champ
Alla frapper chez le boucher
Boucher, voudrais-tu me loger ?
Ils étaient trois petits enfants
Qui s’en allaient glaner aux champs
Entrez, entrez Saint Nicolas
Il y a de la place, il n’en manque pas
Il n’était pas sitôt entré
Qu’il a demandé à souper
Ils étaient trois petits enfants
Qui s’en allaient glaner aux champs
Du p’tit salé, je veux avoir
Qu’il y a sept ans qu’est dans le saloir
Quand le boucher entendit ça
Hors de la porte il s’enfuya
Ils étaient trois petits enfants
Qui s’en allaient glaner aux champs
Boucher, boucher, ne t’enfuis pas
Repens-toi, Dieu te pardonnera
Saint Nicolas alla s’asseoir
Dessus le bord de ce saloir
Ils étaient trois petits enfants
Qui s’en allaient glaner aux champs
Petits enfants qui dormez là
Je suis le grand Saint Nicolas
Et le Saint étendant trois doigts
Les petits se lèvent tous les trois
Ils étaient trois petits enfants
Qui s’en allaient glaner aux champs
Le premier dit « j’ai bien dormi »
Le second dit « Et moi aussi »
Et le troisième répondit « Je me croyais au Paradis«
note : en gras, des étapes de la transmutation alchimique. A votre bonne rumination athanorique, chers cherchants.
Le Pape bénit un Nicolas béni ?
« La relique, pour peu que l’information soit bien diffusée, devenait un objet de culte et de pèlerinage. Son saint possesseur original devenait un personnage mythique, comme Saint Nicolas qui deviendra l’un des héros de la mythologie médiévale. Vers 1090, Charle Aubert de Varangéville rapporta de Bari, en Italie, une relique de saint Nicolas, qui fut évêque de Myre. Il ne s’agissait ni plus ni moins que de sa main droite bénissant.»[1]
[1] C.Montésinos, Eléments de mythologie sacrée, ed. de la Hutte, p.45
Bon, récapitulons.
La carte du Pape.
La maison du Renard, à la Grand-Place de Bruxelles.
L’alchimie.
L’hagiographie du saint.
Mélangez le tout.
Je vous fais grâce de la mise au saloir, sans quoi vous allez me découper en morceaux.
Je vous recommande toutefois d’effectivement attendre sept ans pour y comprendre quelque chose, parce que moi, je n’ai toujours rien capté.
Si ce n’est peut-être qu’en matière de symbolique, ce qui compte, c’est de relier ce qui est épars, afin de donner du sens. Et ce travail, seul vous, pouvez le faire.
Clin d’oeil entendu.
Suite de cet article à venir …