Roue de Fortune et mythologie

Le titre de la carte est bien : La roue de Fortune et non La roue de la fortune.[1]
L’émission télé se serait-elle inspirée de la carte du tarot pour trouver son nom ? En tout cas, la Roue de Fortune nous raccroche à la déesse Fortuna.

 

[1] voir tarot divinatoire, p.508 ; tarot psychologique, p.121

carte de la roue de fortune et mythologie

Fortuna

Un décodage du nom de la carte vous est présenté dans cette page du site.

Attaquons-nous maintenant à cette Fortuna en question.
Déesse romaine de la Fortune (au sens propre), Fortuna fut l’une des plus importantes déesses des Romains, qui lui construisirent des temples en de nombreuses villes. Jusqu’à vingt-six à Rome même ! 

Fortuna rendait un oracle, l’un des plus réputés de l’Antiquité,.
Fortuna et oracle romain : en lien avec la sphinge et l’oracle de Delphes ? A investiguer.

Fortuna est aussi une déesse des naissances, et on l’invoquait lors des différents âges de l’existence. Fortuna des naissances et âges de la vie. La symbolique karmique n’est pas loin. La roue de fortune devient donc celle du destin : naître – vivre-mourir. Et revenir. Dynamique du mandala du tarot. En 10/Roue, on en serait à mi-chemin de notre parcours. Un coup de manivelle nous fait basculer de l’un à l’autre. On se rapproche du sens médiéval du symbole : enchainer les hauts et les bas durant son parcours terrestre.

Elle était fêtée le 24 juin, lors du solstice d’été. Du coup, si  nous sommes au solstice d’été en 10/Roue, je verrais bien celui d’hiver en 20/Jugement. On y reviendra.

Enfin, la déesse Fortuna romaine (comme tout le panthéon, d’ailleurs !) prend son inspiration chez les Grecs, où elle répond au doux nom de Tyché.

Tyché grecque

Dans la mythologie grecque, Tyché est la divinité tutélaire de la fortune, de la prospérité et de la destinée d’une cité ou d’un État.
On peut donc raisonnablement parler argent avec la roue. Me contredirais-je, par rapport aux précawutions oratoires que je préconise dans la partie divinatoire ? Je le confesse, la frontière est ténue. Ceci étant, sans vouloir manquer de respect aux personnes qui viennent en consultation, bien peu nombreuses sont celles qui établiraient un lien entre leur question et Tyché. J’avoue me dédouanner de la sorte, préférant éviter un amalgame 10/roue = argent qui arrive, plutôt qu’une mise en garde sur les aléas de la vie, ou les blocages par rapport à la question. Ceci étant, le tarot, c’est vous. Et si cela vous parle / tente : bingo ! Tiens, le bingo, un jeu de hasard. 🤣

Ca tombe bien : la traduction de Tyché donne le mot : chance. Ca, c’est plus embêtant pour le tarologue. Impossible, intellectuellement parlant, de ne pas placer ce terme dans la liste de vos mots-clés. Ceci étant, je vous confesse volontiers pécher par omission quand la carte sort en tirage. La dérive vers la voyance serait trop grande et tentante pour madame Duchmol. J’emploie plus volontiers : « Tentez le coup, cela vaudrait la peine d’essayer ». 

Histoire de mettre tout le monde d’accord, l’extrait ci-à-côté doit pouvoir permettre à chacun de trouver son compte.
Ceci étant, permettez-moi tout de même ce petit clin d’oeil amical. Quels sont les tarologues qui vont jusqu’à fouiller si loin pour comprendre l’origine du nom et du sens des cartes ?
Un illuminé comme vous, mon bon Maître.
Je ne sais comment je dois comprendre le sens que tu donnes à illuminé, Disciple.

Tyché et le tarot de marseille

« L’invocation de la Bonne Fortune pour la protection de la cité constitue un phénomène commun de l’antiquité grecque et romaine. La dimension religieuse de la Bonne Fortune, la personnification de Tychè ou Fortuna et leur culte finissent par avoir un rapport évident avec les affaires publiques et le contenu des textes législatifs dans les cités grecques à l’époque classique et hellénistique, aussi bien que dans le contexte du monde romain. L’une des expressions les plus répandues de ce phénomène est l’invocation de la Bonne Fortune soit au début, soit à la fin des décrets des cités grecques. Dans un décret pleinement articulé, la formule Tychè Agathè apparaît d’habitude avant la mention de la décision prise.« 

La Bonne Fortune et son rôle civique dans les cités grecques et romaines
Athina Dimopoulou-Piliouni
p. 167-180

Roue médiévale

Dans l’iconographie médiévale représentant une roue de fortune, il y a quasiment toujours soit un ange, soit une dame Justice qui œuvre à la faire tourner.
Ce n’est pas le cas dans le tarot.
Qu’ont voulu mettre en évidence les Imagiers en sortant du canevas habituel ?

► Que c’est nous, et nous seuls, qui sommes à même de la faire tourner, cette roue du destin et de la destinée ? Cette possibilité serait loin de faire l’unanimité parmi les consultants qui viennent en séance de tarologie. En effet, la majorité d’entre eux attendent que les cartes leur disent ce qui va leur arriver. Et non ce qu’ils doivent/peuvent/veulent/savent fire pour ce que « cela » (n’) arrive (pas).

► A l’inverse – et ce qui est plus probable au vu du fonctionnement de la société europénnee occidentale médiévale – que quelqu’un tourne pour vous, à votre place, les cycles de votre vie. Vision quasi calviniste ou, à tout le moins, déterministe. Vous constatez du coup, combien le champ d’interprétation de la carte en tirage s’en trouve complexifiée. Ou enrichie.

 

 

 

 

Cet article est un extrait inspiré du livre : Le tarot symbolique,

1.420 pages, 2014

Vincent Beckers, le tarot symbolique

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