Suite de la dégustation marseillaise, ou les tribulations des cartes du tarot avec leur héroïne. A moins que ce ne soit l’inverse. Début des aventures ici.

Nous retrouvons Estelle Solbri plusieurs mois d’analyse plus tard. Les nombreuses séances avec son psy l’ont aidée à se reconstruire. Le VERT* n’est plus du tout sa couleur préférée, et elle a décidé de remiser définitivement son égo de Robine des bois de la faune au placard pour passer à autre chose.

Elle qui a toujours voyagé en compagnie de sa famille ou d’amis décide de se lancer un défi en osant partir se ressourcer seule sac au dos en Inde pendant quelques mois. Afin de rassurer son entourage inquiet de la savoir seule si loin de chez elle dans un pays inconnu, elle prend des cours de karaté pour parer à toute éventualité. Elle découvre après quelques séances que cette activité lui fournit en plus un exutoire physique aussi inattendu que bienvenu en  apportant à son corps ce que les heures passées avec son psy ont apporté à sa tête.

 

De retour à Marseille, elle rencontre d’énormes difficultés à retrouver du travail. De nombreux mois de chômage sans véritable perspective professionnelle satisfaisante lui font décider de retourner en Inde pour plus longtemps, car une petite voix lui chuchote que ce pays aux innombrables facettes est exactement ce dont elle a besoin.

. Les nombreux paradoxes (parfois renversants) qu’elle y rencontre tous les jours, souvent là où elle s’y attend le moins, contribuent à lui faire voir bien des choses de sa vie de façon radicalement différente. Elle décide de s’établir temporairement dans une petite ville du centre du pays relativement à l’abri des itinéraires touristiques habituels. Elle en profite pour troquer le karaté conte le yoga, et s’inscrit dans une école de la place que des amis lui ont chaudement recommandée.

 

Elle y rencontre une personne du coin, assistant social de son état. Il travaille pour une association caritative de type ONG, The Ambient Recycling Organization. Ses activités se centrent principalement sur l’amélioration des conditions de vie de familles pauvres que leurs revenus insuffisants forcent à vivre dans des conditions déplorables.
Cette organisation l’intéresse, (forcément, avec un tel nom ! 🙂) et au fil des semaines elle s’en rapproche beaucoup. Au point de décider de concentrer désormais l’entier de ses activités là-bas et de rompre totalement avec sa vie d’avant en France. Elle ne tarde pas à s’engager à plein temps au sein du comité d’organisation de cette ONG. Ses connaissances juridiques alliées à l’expérience acquise par le fiasco de VERT lui fournissent les éléments nécessaires pour prendre les rênes de l’aspect administratif de TARO.

Les gènes hérités de son père pilote s’activent en elle, et telle un capitaine aux commandes de son Boeing, sa nouvelle gestion dirige l’ONG sur les courants du succès, doucement, diplomatiquement, mais sûrement. Elle restructure une bonne partie de l’organigramme, répartissant plus judicieusement l’emploi du temps de chacun. Elle remodèle également les différents secteurs dont s’occupait jusqu’à présent TARO, en éliminant certains et les remplaçant par d’autres.

La nouvelle direction prise par l’ONG ne tarde pas à porter ses fruits. Notre organisation devient un nom connu de tout le pays, les dons affluent, et elle ne tarde pas à s’agrandir.

Hélas, l’expansion de TARO n’attire pas que des bienfaiteurs, et notre Boeing ne tarde pas à se trouver sérieusement balloté par des vents cupides qui lui font pratiquement piquer du nez vers le sol. Les lois de la gravité régnant ici-bas, si les caisses sont lestées de leur contenu, l’organisation entière, loin de s’élever car elle est plus légère, risque fort d’atterrir sur des sables mouvants. Après des mois de disette et d’investigations, la perspicace Estelle démasque au dernier moment la machination raffinée que 2 collaborateurs avaient mise sur pied pour dévier la majorité des dons récoltés en direction de leurs respectives caisses personnelles offshore, nettement plus proches des Bahamas que des bidonvilles indiens.

Profondément ébranlée par ces événements, Estelle fait appel dans un premier temps à toutes ses connaissances juridiques pour restructurer son entreprise selon une formule rendant une telle mésaventure pratiquement impossible à réaliser dans le futur. Quelques années plus tard, une rencontre aussi fortuite qu’inattendue avec le responsable d’une ONG française en vacances lui donne l’idée de transférer une partie du siège de TARO en France, plus précisément à Marseille, of course.

La bonne étoile d’Estelle était certainement d’humeur entreprenante quand elle a pris cette décision, car le climat marseillais s’avère un excellent tremplin pour TARO. L’ONG gagne en popularité, et les dons affluent de partout, plus seulement de l’Inde.

Les finances de TARO se portent tellement bien que notre organisation se trouve enfin en mesure de développer un grand projet qui était toujours resté au stade de rêve jusque là : dompter le problème d’humidité endémique dans les les zones pauvres du nord de l’Inde. L’eau stagnante y est en effet la cause de nombreuses maladies peu connues des villageois et souvent mortelles. Notre ONG fournit à des chercheurs bénévoles les ressources financières nécessaires pour développer un procédé novateur afin d’améliorer la gestion de l’humidité et le recyclage de l’eau, qui devient même potable dans la foulée.

Cette invention révolutionnaire projette TARO au cœur de l’actualité. Son succès se répand comme une traînée de poudre, et son exposition incite bon nombre de vedettes internationales à se faire photographier en train d’apporter leur soutien financier à notre organisation, qui gagne ainsi en importance et rayonnement médiatique.

Estelle a trouvé sa voie, la découverte rendue possible par son ONG a aidé de nombreux villages sous-développés à améliorer leur conditions d’habitation, et par ricochet leur niveau vie et leur accès à l’éducation. Comme l’application pratique de ce procédé est relativement simple, des auxiliaires locaux de TARO peuvent former des villageois à perpétuer son usage, ce qui a suscité bien des vocations.

TARO engage du personnel et ouvre de nombreuses succursales à travers le monde. Elle est devenue l’une des ONG les plus connues et respectées autour du globe. Estelle Solbri et TARO vécurent heureux très longtemps et ouvrirent encore beaucoup de filiales.

* Voir première partie de l’article « dégustation marseillaise »

Conclusion

L’ordre de passage de la Justice et de la Force dans un jeu de tarot est à mes yeux très significatif, et l’inversion de ceux-ci que l’on rencontre dans la plupart des jeux anglo-saxons me semble peu cohérente, comme j’ai tenté de l’illustrer en présentant les parcours de vie contrastés de Donald Moony et d’Estelle Solbri.

Nous avons vu dans « Mandala story made in the US » qu’avec une Force placée trop tôt, les aboiements vaniteux de Donald ont provoqué sa chute et détruit sa vie à jamais.

En revanche, dans le cas d’Estelle Solbri, La condamnation de VERT par la Justice, même si elle a chamboulé sa vie dans le mauvais sens sur le moment, a posé les balises nécessaires en l’obligeant à choisir un chemin différent, et lui a fourni la maturité et la force requises pour avancer. C’est d’ailleurs son travail avec TARO et non pas avec VERT qui lui a donné la possibilité de se réaliser pleinement dans sa vie.

Il est donc bien plus judicieux selon moi de trouver la Force en plein milieu du mandala et après l’Hermite et la Roue de Fortune, comme nous la présente le tarot de Marseille. Elle nous force (c’est la carte la mieux nommée du tarot !) à affronter avec courage le reste des épreuves qui nous attendent avant 21/, et nous dit de trouver en nous les ressources voulues pour le faire, et ceci après avoir déjà erré dans le désert avec 9/ et passé à la lessive avec 10/. CQFD !

Un article de Jacqueline.
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