Esotérique ? Hermétique ? Occulte ? Rien de tout ça ! Un article simple pour comprendre la symbolique d’une carte du tarot.
Comprendre la symbolique d'une carte du tarot
Regard
Dans cinq secondes, une image va se révéler ci-dessous.
Si je vous demande quelle est la ligne qui monte, laquelle me désignez-vous ?
Cett activité – et plusieurs de ses variantes – fut un révélateur pour moi, lors de ma formation en histoire de l’art. Mon professeur souhaitait sensibiliser notre regard à la dynamique sous-jacente à une oeuvre, à ce que l’artiste souhaitait provoquer comme émotion chez le regardant, rien que par les lignes de forces « invisibles » de sa composition.
Il en va de même avec les cartes de tarot. Elles ont été composées, en tenant compte de ce principe de base à toute oeuvre artistique.
Ah, oui, au fait , il y a gros à parier que si vous avez su lire l’énoncé avant de voir l’image, vous avez répondu A. Curieux !
Quand on réfléchit : les deux lignes « montent ». Tout dépend de la façon dont les yeux se posent sur l’image. Or, dans notre culture occidentale, on lit de gauche à droite. Donc, en fonction de l’énoncé, nos yeux se portent d’abord sur le coin supérieur droit du premier rectangle. Ils voient une ligne rouge, objectif de l’exercice. Et de constater que le trait monte dans cette direction. Tandis qu’en « B », il descend. C.Q.F.D.
C’est dingue, non ?
De gauche à droite.
Notre culture et notre éducation font qu’on lit textes et images de gauche à droite. Dans la construction des tableaux, l’agencement des sculptures, ou les cartes du tarot ceci est toujours pris en compte.
Le début de l’histoire à gauche, la fin à droite.
Juste pour l’analogie : imaginez-vous seulement un seul instant ouvrir une bande dessinée à la dernière page pour en entamer sa lecture ?
Merci Goya !
L’oeuvre : Le trois mai 1808 à Madrid, de Goya, peinte en 1814, nous propose une belle illustration de l’importance de l’approche du regard sur une oeuvre.
Si vos yeux se portent d’abord sur le côté gauche du tableau, et balaie lentement celui-ci en découvrant donc la scène de gauche à droite, il y a fort à parier que vous identifiant tout naturellement au condamné, vous ressentiriez l’envie furieuse d’hurler : « Non, ne tirez pas ! ».
Tandis que si vos yeux se portent d’abord sur le côté droit du tableau, et balaie lentement celui-ci en découvrant donc la scène de droite à gauche, il y a fort à parier que vous identifiant tout naturellement au chef du peloton, vous vous sentiriez le besoin de crier : « Feu ! ».
Et l’interprétation du tableau de s’en voir complètement bouleversée.
Il en va de même avec le tarot. Les cartes ont été conçues pour être lues de gauche à droite.
De là, une attention toute particulière aux yeux des personnages, à leurs mouvements et gestes.
► Suivez les corps, les yeux et les gestes pour comprendre comment interpréter une carte du tarot. 👌
Le Mât, qui lance le tarot, démarre bien en bas à gauche AVANT même le débtu de la carte, par le corps du chien. Et se termine en haut, à droite, par le regard du personnage, APRES la fin de la carte.
Et si on rajoute le mouvement des pattes du chien, ainsi que l’inclinaison du bâton (tiens, vous vous souvenez de la démonstration avec la ligne rouge ?), plus le mouvement du personnage, le regardant se trouve bien face à une carte qui indique l’action d’aller vers … la droite, analogiquement, le futur. Voir ici.
Que voyez-vous ?
Je ne maîtrise malheureusement pas assez l’informatique, que pour vous créer un mode diapo vous présentant les trois images suivantes les unes à la suite des autres, en vous posant à chaque fois, la même question.
Jouez le jeu : que voyez-vous ?
Inutile de préciser : spontanément, immédiatement, sans réfléchir. Ceci étant, rien qu’en lisant la phrase précédente, vous vous mettrez à cogiter avant de répondre. 😃 C’est ce qu’on appelle une double injonction, aussi involontaire qu’incontournable. Ah, les joies des méandres du fonctionnement du cerveau.
Bon, on se recadre : que voyez-vous ?
A priori, deux rectangles jaunes, bordés de noir, placés côte à côte.
A priori, un triangle jaune, bordé de noir, orienté base sur la gauche et pointe vers la droite.
A priori, l’addition de ce que vous avez énoncé précédemment. Et dans le coin de votre esprit, une réflexion du genre : « Tiens, ça me fait penser au sigle « pause » sur le leccteur DVD ou la télécommande de la télé. »
La relation fait le lien.
Autre grand principe sémiologique : la relation fait le lien. Deux éléments pris séparément revêtent un sens différent de ces mêmes éléments, placés côte à côte. Et si l’artiste a volontairement disséminé, de-ci, de-là dans son oeuvre, des éléments se différenciant ou complétant symboliquement que s’ils étaient placés l’un à côté de l’autre, l’oeuvre en question n’en n’est que plus riche.
Cette mise en relation peut donc, non seulement faire sens, mais aussi permettre d’aborder l’oeuvre avec … un autre regard, merci !😉
Voir même – et ce sera tout l’intérêt de la chose ! – offrir un sens différent aux formes prises séparément, de ces mêmes formes accolées. L’ensemble de l’oeuvre, si on sait faire preuve de recul, pourra même s’en aborder différemment.
Vous savez que je ne comprends plus rrrrrien à ce que vous écrivez depuis le deuxième paragraphe ? Vous êtes confus, mon vieux !
Attendez deux secondes, madame Duchmol. Si je vous dis le bâton du Mât, vous voyez ce dont je veux parler ?
Vous me prenez pour une cruche ?
Et si je vous dis le bâton de l’Hermite, vous identifiez ce à quoi je fais allusion ?
Vous me prenez pour une quiche, maintenant ?
Et si vous placez les cartes du Mât et de l’Hermite côte à côte, en vous focalisant sur leur bâton respectif, …
Je vous donnerais volontiers une volée de bois vert.
Vous m’envoyez vos conclusions pour un prochain article ? 😈
Il m’énerve, il m’énerve.
Rapprocher le bâton du Mât de celui de l’Hermite procure un sens symbolique aux deux cartes prises séparément.
► Le bâton a fait du chemin depuis son départ, au moment où il rencontre l’Hermite.
► Et si le Mât se muait en Hermite, quelques années plus tard, une fois un certain cheminement accompli ? (niveau 2)
► Et si l’homme avide de relation sexuelle (Mât) se transformait en homme impuissant ou adepte du trantrisme ? (Hermite) – niveau 2
► Et si le Mât était un disciple inexpérimenté (bâton raide, fermement tenu), qui rencontrait son Maître (bâton ondulé, tenu négligemment) – niveau 3
Etc, etc.
La relation fait le lien.
Prenez tout objet du tarot. Voyez s’il se répète dans plusieurs cartes. Placez ces cartes côte à côte et ruminez, grommelez en pensant à moi. Aaarrgh !
Et – surtout – lors de vos prochaines visites dans un musée ou un bâtiment religieux, appliquez la même démarche. 😉
Pour aller plus loin
Illustration ci-à-gauche : un symbole ne se comprend que resitué dans sa spatio-temporalité originelle. Pour bien faire, toute carte du tarot doit être lue, décodée avec un regard contemporain au 18e. siècle. Ce que nous ferons tout au long du site. 😋
Ne me dites pas que vous allez vous lancer dans un cours d’histoire, je déteste ça !
Rassurez-vous, ce ne sera pas long. Et je vous fais grâce de qui est qui et pourquoi ils en sont là, au moment idoine. Vous connaissez votre histoire de France aussi bien que moi.
Edouard III, c’est bien celui qui vient de succéder à Elisabeth, en Angleterre, n’est-ce pas ?
Tout à fait, madame Duchmol, tout à fait.
Dans une cérémonie d’hommage, à l’époque, le vassal place ses deux mains dans celles de son suzerain. Or, ce bon Edouard n’a pas respecté les codes en usage en pareille circonstance, n’offrant qu’une poignée de main à Philippe VI. Ce qui fit un immense scandale et remit tout en cause.
Ce que l’artiste de l’époque a symbolisé en représentant une main d’Edouard, beaucoup plus grande et large, disproportionnée, par rapport aux autres mains des protagonistes de la scène. Symboliquement donc, l’artiste a fait comprendre au regardant « qu’il y avait quelque chose là-derrière » et que si on savait décrypter son oeuvre, on la comprendrait sous un jour nouveau.
Ainsi en va-t-il de toute oeuvre contenant des symboles. Les tableaux des Beaux-Arts, les sculptures et autres chapiteaux des édfices religieux, ainsi que les cartes du tarot recèlent bien souvent de ces petits détails qui « font toute la différence », selon l’expression consacrée.
► La main gauche de la Justice est beaucoup trop petite pour tenir une épée de cette dimension. Il y a donc un message symbolique là-dessous.
► Il y a un doigt surnuméraire à la main droite du Bateleur. La symbolique du surnuméraire se retrouve souvent dans la symbolique religieuse et mythologique. On retrouve ce thème à la fois chez le Bateleur et la Force.
► Les deux mains de l’Empereur sont différentes : l’une est petite, limite difforme, telle un moignon; tandis que l’autre est (trop) grosse et ferme. Quel message se cache-t-il là-derrière ?
Dites : plutôt que de me poser des questions, ce serait bien de livrer les réponses. Je ne vous lis pas pour avoir mal de tête, mais pour la remplir !
Désolé, chère madame, mais le tarot, c’est vous. C’est donc à vous de comprendre les choses.
Je vous signale, cher monsieur, que mes mains sont parfaitement manucurées et totalement harmonieuses.
La suite de l’article arrive tout bientôt.
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