Saint Christophe et le tarot ou quand un livre « hagiographique » vient ouvrir de nouveaux horizons d’interprétation du mandala du tarot.
saint Christophe et le tarot
Introduction
Françoise Bonardel – A la rencontre de Saint Christophe, aux éditions Trédaniel.
Non, je ne vous ferai pas le coup de : c’est un livre incontournable, il a bouleversé le sens de ma vie, il faut le lire à tout prix. Ce ne fut pas le cas.
Mais / et.
L’auteur y évoque entre autre :
* la notion de sainteté et animalité … le Mât est un cynocéphale
* St. Christophe est le porteur du Christ … le Mât porte un baluchon de couleur chair d’où sort une lumière jaune irradiante
* le culte de St. Christophe dans l’imagerie populaire … et c’est là que le lien avec la photo ci-dessus est le plus intéressant
* la symbolique de la traversée des eaux … on plonge dans 18/lune
* un ermite éclaire le saint à tout moment … l’hermite du tarot ?
Bref, vous l’avez compris, cet ouvrage – très bien illustré par ailleurs – m’a ouvert les yeux sur différentes symboliques intéressantes reliables au tarot. Ce que je vous partage dans cet article.
« Ainsi, le sens profond de la légende doit-il être recherché dans la traversée des eaux, et dans le fait qu’elle ait lieu de nuit : le passeur étant guidé dans l’obscurité par la lanterne ou la torche de l’ermite, jouant en la circonstance le rôle traditionnel de veilleur et de gardien du seuil après avoir été l’initiateur qui fit connaître le Christ au géant (saint Christophe) lorsqu’il était en quête du maître le plus puissant. »
La scène du passage
Je ne vous fais pas l’injure de vous raconter la légende de saint Christophe; vous la connaissez ou vous cliquez sur ce lien wiki pour une éventuelle mise à jour. Sourire épanoui sur mon visage ravi.
Ce qui m’intéresse dans ce passage, c’est le rôle de l’ermite. Il guide, éclaire, fait passer d’une rive à l’autre. N’est-ce pas aussi le rôle de l’hermite du tarot dans le mandala ?
Quant au fait que la scène de la traversée des eaux se déroule de nuit, le lien avec le rôle de 18/Lune dans le parcours du pérégrinant devient aussi lumineux qu’une nuit de pleine … lune. Warf, warf, warf.
Sérieux : deux fois neuf, cela ne fait-il pas dix-huit ?
Et si le tarot s’arrêtait effectivement à Compostelle ?
16/maison-dieu, basilique Saint-Jacques à 17/Etoile Compostelle, champ d’étoiles.
Si vous n’êtes pas coutumier de ces notions, voir les liens dans la phrase ci-avant.
A Compostelle, le pèlerin a accompli la moitié de son chemin. Il lui faut « juste » dé-marcher, revenir sur ses pas.
Ou pas. Justement.
* En quittant l’eau, à droite du dessin de la carte de l’Etoile, on arrive dans le bassin de l’eau de la Lune et/ou à la tour ouverte, sur la gauche de la carte.
Le Mât qui pérégrine le long des cartes doit donc passer. Passer de la tour de gauche, à la tour de droite; ou traverser le cours d’eau. Et partir pour Fisterra. Passage. Lien avec la légende de saint Christophe.
* Mais il peut aussi faire demi-tour, s’il suit le sens du courant de l’eau en 17/Etoile, puisque le sens de l’écoulement du cours d’eau va de droite à gauche. Auquel cas, le pèlerin ne va pas jusqu’à Fisterra, et prend le chemin du retour.
Lourde décision. Sens du pélerinage. Compréhension du mandala.
Oui, 17/Etoile est bien une (autre) carte centrale dans l’appréhension du tarot ! Il s’en passe des choses quand le Mât rencontre l’Etoile.
9/hermite et 18/lune sont deux arcanes qui opèrent tels des passeurs. Ils n’ont pas été disposés, là, dans le mandala du tarot pour rien.
L’Hermite introduit la nouvelle décade et la Lune annonce la réunification intérieure.
Quant au Mât que nous incarnons depuis le moment où nous avons pris le tarot en mains, il rencontre ces deux lames à des moments où :
* il a su comprendre qu’il lui fallait remettre certaines choses en place (sortant de 8/Justice) … tout comme saint Christophe prend conscience que sa quête du plus grand maître du monde lui réserve une fameuse surprise;
* il a pris conscience de l’humilité dont il devait faire montre pour exercer sa tâche (parallèle avec 17/étoile).
Conclusion : le Mât, saint-Christophe-le-passeur, a besoin d’autres passeurs pour opérer sa transformation intérieure/
Mais … et le rôle de Jésus dans tout ça ? Froncement de sourcils.
Merveilleux tarot, plein de symboles joyeux et jubilatoires à découvrir.
« Ce ne sont pourtant là que les prémisses d’une dramaturgie qui va se concentrer sur la traversée des eaux qui ne peut être effectuée, rappelle René Guénon, que de trois manières : « Soit en remontant le courant vers la source des eaux, soit en traversant celles-ci vers l’autre rive, soit enfin en descendant le courant vers la mer. » (Symboles fondamtentaux de la Science sacrée). C’est clairement d’une rive à l’autre que s’achemine Christophe chargé de son précieux fardeau, même si certaines images le montrent parfois descendant ou remontant le cours du fleuve. »
Le rôle du passeur
Mais on continue après Compostelle ?
Ben, après 17/Etoile arrive 18/Lune.
Avec un passage. Une traversée.
Qu’on effectue sur le sol, affrontant dès lors le passage entre les chiens (notre animalité, nos pulsions instinctives), ou que l’on traverse via le bassin, nous confrontant alors à nos émotions et ce qui s’y tapit tout au fond (l’écrevisse de notre inconscient). Le tout dans la nuit noire (Lune) de notre travail sur soi.
Tiens, en passant : aviez-vous déjà songé au fait que la Lune nous laisse cette oppotunité : le passage par Terre ou par Eau ?
Rumination.
L’illustration ci-dessous le montre bien : le Mât joue une nouvelle fois son rôle : il nous porte (baluchon de couleur chair) et aide à traverser.
Mais /et.
Il est aussi une partie de nous-même, puisque le Mât, c’est une carte, 1/22 de notre histoire, de notre parcours.
D’où cette question : le Mât est-il porteur ou passeur ?
L’extrait du livre de Bonardel ne répond pas à la question, mais ouvre encore plus le champ d’investigations, avec quelques autres « grands noms » intéressants. Et autant de réflexions pour vous, cher lecteur.
– Il m’énerve, il m’énerve … cher lecteur, cher lecteur … j’en ai marre de devoir sans arrêt m’interroger sur tous ces liens ! Je lui en f…, moi, des chers lecteurs !
– Ah, chère madame Duchmol, quelle joie pour moi de vous porter et vous aider à passer vers un autre regard sur les cartes.
« Les passeurs forment une sorte de grande famille, de confrérie plus ou moins secrète aussi, mais tous ne furent pas forcément des porteurs ni tous les porteurs des passeurs. Ni le nautonnier Charon qui faisait traverser le Styx à celles des âmes qui lui avaient payé leur obole; ni Anubis guidant les défunts vers leur séjour d’éternité et pas davantage Hermès aux pieds ailés qui, muni de sa baguette d’or, conduisait les âmes dans l’Hadès, ne furent à la fois comme saint Christophe des passeurs et des porteurs. (…)
Alors que le passeur a forcément quelque chose à transporter, ne serait-ce que lui-même, le portage n’induit pas forcément le passage et peut-être parfaitement statique, comme le montre Atlas immobilisé par la pesanteur de sa charge et auquel on ne saurait comparer saint Christophe, si ce n’est pour le gigantisme et la force « herculéenne » qu’ils avaient en commun. »